JB Bucci, l’interview

05/11/2010

A 34 ans, Jean-Baptiste Bucci a réalisé la semaine dernière une performance qui ne peut que forcer le respect, rallier à la rame en SUP la ville de Toulon à Marseille en passant par les îles d’Hyères et ce, en autonomie complète… Après plus de 42 heures de rame et 188 kilomètres parcourus au total, le varois boucle son premier Défi Mana et il revient avec SUPJournal.com sur cette grande aventure sportive et humaine à la fois…

 

SUPJournal.com : Après des challenges similaires en windsurf et en pirogue, pourquoi ce défi en SUP et le choix de ce parcours ?
Jean-Baptiste Bucci : Le SUP est un peu le lien entre ces deux supports. Le windsurf d'un côté qui est mon premier amour et la pirogue, l’activité dans laquelle je me suis investi. De plus l’explosion de la pratique du SUP ces derniers mois a fini de me convaincre ! Pour le parcours, je n’avais pas l’embarras du choix à vrai dire car étant en solitaire, il était un peu hasardeux de partir sur une nouvelle traversée méditerranéenne en cette période de l’année. Malgré tout, je voulais franchir la barre symbolique des 100 miles nautiques. Ce parcours entre ces deux grandes villes du sud de la France via les îles d’Hyères s’est donc imposé naturellement.

 

SUPJ : Qu'est-ce que cela demande en terme de préparation aussi bien au niveau physique, mental et matériel ?
JBB : La réussite de ce type de défi réside dans sa préparation ! Il faut tout d’abord élaborer le matériel idéal, le rapport entre stabilité, sécurité, fonctionnalité et glisse pour la planche et il faut ensuite une grosse préparation physique grâce notamment aux conseils du club 1.618, une préparation basée sur la résistance et l’endurance. Pour le reste, je pratique depuis plus de 15 ans la sophrologie et le yoga et cela y contribue énormément car si la tête est forte alors le corps est fort !!! Tout cela sans oublier l’éternel course aux sponsors, jamais évidente !

 

SUPJ : Ce Défi Mana a été reporté à de nombreuses reprises à cause des mauvaises conditions météo, que ressent-on le jour du départ après presque un mois d'attente ?
JBB : C’est un grand soulagement, l’évacuation de toute la frustration accumulée pendant un mois et en prime les détracteurs qui commencent à se manifester ! On se retrouve enfin seul sur l’eau là où on le souhaite avec soi-même et l’aventure peut enfin commencer !

 

SUPJ : Comment résumerais-tu ces 42 heures de rame en quelques lignes ?
JBB : C’est une aventure humaine formidable durant laquelle j’ai trouvé ce que j’étais venu chercher, la solitude, le dépassement de soi et même la peur ! On passe rapidement de l’euphorie au désespoir mais il faut s’accrocher ! Et puis il y a des moments uniques, difficiles à raconter, seul la nuit dans le noir total, 0° degrés, dans l’obligation de s’uriner en permanence dessus pour se réchauffer ! Lorsque le jour se lève, c’est à chaque fois une délivrance, un bonheur, un coup de boost et lorsque, à l’aube du deuxième jour, on approche de l’arrivée, là c’est énorme. J’ai lâché quelques larmes avant de faire mon entrée dans le port de Marseille, les nerfs sans doute…? Et puis il y a la satisfaction du devoir accompli surtout ! Lorsque j’ai touché le quai, je me suis fais happer par mes proches, les médias, c’était presque une agression après tout ce temps tout seul ! Aussi paradoxale que cela puisse être, j’ai eu longtemps le mal de terre à l’arrivée, ça bougeait tellement que je devais rester assis… Enfin voilà, difficile de résumer une telle aventure ! Je veux en retirer une chose au moins, lorsque l’on entreprend et que l’on persévère, on réussi toujours !!!

 

SUPJ : Quels sont le pire et le meilleur moment de ce Défi Mana ?
JBB : Le pire moment, c’est certainement la deuxième nuit car je n’en menais pas large, épuisé et frigorifié ! Le meilleur, c’est l’ensemble des 42 heures sur l’eau, quelque chose d’unique… Encore une fois, j’y trouve mon épanouissement et je recommencerai, c’est certain !!! Et puis dans les bons moments, il y a aussi les gens qui te soutiennent et je ne remercierai jamais assez mes partenaires, EFX, ABP Paddleboards, 1.618 Club, Outside Reef, Mulebar, MyGeolive et surtout ma chérie qui m’a supporté tout ce temps !

 

Photos : Jean-Baptiste Bucci/Arnaud Vitalis

tags: interview LCM Jean-Baptiste Bucci Défi Mana raid Toulon-Marseille

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