L’oeil d’Alex Grégoire

08/08/2011

Le 30 juillet dernier, le varois Alexandre Grégoire s’élançait pour la 2ème année consécutive sur le parcours de La Porquerollaise, un parcours de 65 kilomètres entre Toulon et l’île de Porquerolles… Quelques jours plus tard, retour en texte et en images sur ce défi particulièrement difficile cette année, la faute à un vent d’ouest modéré qui avait décidé de se joindre à la fête.

 

"Deuxième challenge de la Porquerollaise. Encore seul au départ de ce défi de 60 kilomètres, j'ai pris le départ ce samedi 30 juillet à 5h30 du matin heure locale de Toulon au Mourillon. Un petit vent des collines "off shore" balaye le plan d'eau de 7 à 10 nœuds au départ jusqu'au Pradet. Une houle d'ouest est elle présente sur le plan d'eau annonçant dans la journée le vent qui va aller dans le même sens... La route qui mène à Porquerolles est déjà longue mais le lever du soleil a enlevé et absorbé une partie du physique pour donner une partie d'émerveillement avec le réveil de la nature. Ca glisse pas vraiment mais dès Giens le "backwash" (ndlr : la houle frappant dans la roche et revenant a son opposé formant un plan d'eau agité) se fait ressentir. Mais ça va. Direction le Grand Ribaud avec un vent complètement estompé, une houle 3/4 de travers et une magnifique vue sur Porquerolles, ce qui me met un coup de "boost" pour y arriver. Céline mon ami et accompagnatrice-photographe est malade, le fait de me suivre à la lenteur du bateau avec la houle lui donne le mal de mer. La route va être longue pour elle aussi… John lui pilote le bateau, tranquille, "farniente" le John.
Porquerolles, une de nos 3 îles d'Hyères, les "îles d'Or" au levé du jour portent bien leur nom. Convoitée à cette époque par le tourisme, les voiliers et de nombreux bateaux, au moment où je passe, je suis assez ravi de voir peu de monde à cette heure matinal. Après quelques kilomètres, je passe enfin du côté Est de l'île.
Là ça devient aussi gigantesque au niveau de la vue qu'au niveau de la rame ! Pour la première fois du parcours, le courant est dans mon dos, la houle va dans le bon sens, pas un brin d'air, ca glisse. J'ai l'impression d'arriver au Medes en 5 minutes !!! Par contre ce moment de pur bonheur va disparaitre en passant à l'Ouest de l'île... C'est toujours magnifique mais vue la saison, les bateaux sont à fond, je sens les premières rides de vent d'ouest me toucher… Pour ne pas être en manque d'essence, Céline et John partent faire le plein à Porquerolles et me laissent seul dans la passe. Là, les bateaux de la TLV, des particuliers vont à deux milles, me foncent presque dessus !!! Ca donne quelques frayeurs… Je rallonge un peu et me redirige dans la bande des 300 mètres car je ne suis plus protégé par le bateau et je préfère jouer la sécurité. Ils me rejoignent vers le Langoustier à la pointe Nord-Ouest de Porquerolles. Je fais une petite pose pour profiter d'avaler une barre énergétique, me poser un peu les mollets après 40 km de rame debout dans ces conditions…. Ca fait du bien et la fatigue commence à se ressentir, le vent lui monte petit à petit mais sûrement… Allez !!! Plus je perds de temps, plus le vent va m'empêcher de rentrer à bon port ! Je me remets en route, ces cinq minutes d'arrêt ont permis de me soulager les mollets, les chevilles, étirer les bras, le dos… Je repars motivé.
Forcement, plus je m'approche de mon objectif, plus le vent prend des tours… La presqu'île de Giens devient un passage technique et physique !!! Je vois les premières pirogues en V6 qui arrivent avec Rico Leroy qui prendra la première marche du podium avec son équipe de Bayonne avec le titre de Champion d'Europe. Puis croise l'équipe de Ludovic Dulou qui me motive !  Pour ma part, c'est très difficile, j'arrive à la sixième heure de rame et c'est l'enfer. Vent de face, houle de travers, "backwash", tout se croise plus les bateaux accompagnateurs des pirogues qui me rajoutent du clapot. Je me bats, pas une chute ! Je sors de ce passage victorieux mais pas sans séquelles, mon énergie en a pris un coup… Les Fourmigues (îles au large de l'Almanarre…), j'aperçois enfin Toulon ! Mais mon combat à Escampo Barriot m'a touché, je décide de faire une pose mais l'envie de finir est plus forte, je décide de ramer en version paddle à bras pour ne pas perdre de temps et relâcher les muscles du bas. Je pense à Alban Cornic et mon passage deux mois plus tôt à Concarneau pour faire un stage de paddle a bras avec lui. Son conseil de ramer 6 coups puis de marquer une pose m'a aidé, je rame une bonne vingtaine de minutes allongé avant de reprendre la rame debout, le vent est à ce moment de 15 nœuds établis avec des rafales plus fortes... La direction du vent et du lieu de mon objectif me donne pas d'autre choix que de ramer du côté droit depuis le grand Ribaud jusqu'à Toulon, au total + de 20 kms. Mon temps jusque-là était de 7h30, j'avais de l'avance pour faire un gros score sur la distance mais du Pradet à Toulon, la dernière partie de 15 km m'a coûté presque 3 heures pour la boucler ! Céline étant de plus en plus malade, John la ramène à quai. Les planchistes viennent m'encourager, notamment Franck Limonier, à quelques kilomètres de l'arrivé, le vent est stable à 20 nœuds et des rafales à 25 nœuds ! Au bout de 9h00 de rame, je suis HS mais impossible pour moi d'abandonner, même si je rentre à la nage, je bouclerai le parcours ! Me voyant arrivé sur Mygeolive.com, des rameurs viennent à ma rencontre pour me soutenir et m'encourager. Je ne sens plus mon corps, mon mental est bloqué sur l'arrivée. Yann Cerdan m'encourage les derniers mètres, c'est l'arrivé sous une magnifique pluie d'acclamation des rameurs de pirogues, des amis, du public et de l'organisateur Cyril Taraufau ! Une amie court dans l'eau, fait claquer une bouteille de champagne et c'est magique ! Ca y est, c'est fait ! Je touche terre et m'effondre puis me relève. Nicolas Lacime et sa femme me demandent si je veux boire quelque chose, je leur réponds : "Volontiers une bonne Hinano bien fraîche. C'est mérité !".
La suite de la journée se passe sur un nuage, la soirée, les shows tahitiens enflamment le Mourillon. Challenge réussi, record de 20 minutes de mieux malgré les conditions sur l'an passé en 14' F-One alors que l'an passé j'étais en 17'. Quelques jours de vacances bien mérités, je mets maintenant au point mon prochain challenge 3Elements !
Merci à Céline Chat et John Tosello pour leur soutient tout le long de ce périple, à Guillaume Pelletier de MyGeolive pour me suivre à chaque challenge, Julien Jorda pour le bateau de sécurité, Marie Mouquet, à Philippe Mary de 3Elements, à Yann Cerdan, à tous les rameurs de pirogues pour m'avoir motivé en me croisant sur le parcourt, à Ruahatu Va'a et Cyril Taraufau de m'avoir permis de mettre ce challenge en route avec la Porquerollaise et de son accueil à mon égard."

 

Source : Alexandre Grégoire

tags: oeil de évènement La Porquerollaise 2011 Alexandre Grégoire

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