Amaury Dormet, l’interview

21/01/2011

Organisateur de la Presqu’île Paddle Race en Bretagne l’an dernier, déjà une grande classique dans les épreuves de longue distance, Amaury Dormet s’est aussi fait un nom en se révélant rapidement comme un redoutable compétiteur dans cette discipline. Agé aujourd’hui de 38 ans, il rame depuis bientôt 30 ans et il n’est tombé que l’an dernier dans la marmite SUP, la faute à un accident qui finalement aura bien fait les choses… Interview !

 

SUPJournal.com : Comment un sportif de haut niveau puis un entraineur qui a évolué longtemps dans le monde de l’aviron, du sauvetage côtier puis de la pirogue OC1/OC4 et du paddleboard en arrive t'-il à évoluer ensuite dans celui du SUP ?
Amaury Dormet : Après un long parcours dans le monde de l’aviron de rivière,  je me suis tourné vers des sports se pratiquant sur l’océan comme le sauvetage côtier sportif et la pirogue. Et pour tous vous dire, il y a encore un an mon truc c’était plutôt le paddleboard car c’est la rame à l’état pur. Nous avons gagné la Quiksilver Paddle Race entre San Sébastien à Capbreton avec mon grand ami Sébastien Gramond en 2008 en équipe de deux paddleboards. Nous avions vraiment à cœur de gagner l’édition suivante en 2010. Nous nous entrainions dur pour réaliser cette performance et plusieurs copains faisaient la même chose de leur côté pour nous tenir tête. Bref une belle grande course en perspective mais malheureusement le 8 mai 2010, je fais une chute à la cale à bateau de Morgat. Résultat une très mauvaise fracture du fémur  m’oblige à pratiquer pendant plusieurs mois du fauteuil roulant avec un chirurgien qui m’annonce que si je remarche un jour normalement, ce ne sera pas avant octobre alors la pratique du paddleboard avec une position de rame en  hyper flexion de la hanche, je ne vous en parle même pas. J’aime les défis, la pratique du paddleboard n’était plus possible pour moi alors à nouveau un grand merci à Sébastien qui m’a proposé de faire la course en SUP alors même que je me déplaçais en fauteuil, il fallait y penser ! Vous connaissez la suite nous gagnons San Sébastien - Capbreton au scratch en parcourant les 64 kilomètres en 6h59 et ensuite les course en SUP race se sont enchainées. Alors c’est facile d’imaginer le plaisir et le privilège que je ressens au départ de chaque course.

 

SUPJ : Existe-t-il des similitudes entre tous ces sports, sont-ils selon toi complémentaires ou au contraire très opposés ?
AD : Selon mon expérience, le sauvetage côtier sportif est une des meilleures écoles pour former nos futurs rameurs de plein océan. Il existe beaucoup de similitudes entre tous ces sports de rame, créer un appui de qualité dans l’eau pour se propulser en exploitant au maximum les phases de glisse est commun à toutes ces disciplines. Concernant la complémentarité, je pense même qu’elle est indispensable. A haut niveau pour éviter les phénomènes de traumatologie du rameur en SUP dus au surentrainement et la saturation psychologique,  le changement de support permet d’éviter ces contraintes tout en gardant des volumes d’entrainement spécifiques. Et je pense que la pirogue et la SUP race sont très complémentaires. Pour ma part, entre mon travail, ma famille et mes quelques entrainements, je ferai au mieux pour me partager entre les courses en OC1 et en SUP race pour cette saison, seul difficulté les vitesses de coque sont bien différentes et ce que l’on appelle le "touché d’eau", la qualité de l’appui demande à chaque changement de support un temps d’adaptation.

 

WJ : Outre le côté compétiteur mais aussi distributeur avec ton entreprise Océan Pirogue, tu portes également la casquette d'organisateur d'évènements avec une belle réussite en 2010 en la présence de la Presqu'île Paddle Race... C'est important pour toi de faire partager cette passion pour les parcours côtiers ?
SUPJ : Avec Océan Pirogue, mon métier d’éducateur sportif et d’entraineur, le but c’est de faire vivre une aventure paddle  à tous ceux qui le souhaitent, qu’ils soient sportifs de haut niveau, jeune débutant ou simple curieux aux capacités physiques limitées et l’été dernier environ 900 d’entre eux sont venues partager mes passions. Concernant la distribution de matériel, je suis surtout un relais permettant de développer les disciplines paddle en Bretagne via différents fabricants et distributeurs. Et mon terrain de jeu, la presqu’île de Crozon est exceptionnelle pour la pratique de la rame de plein océan car il y a toujours un petit downwind à se mettre sous la planche dans un cadre protégé, unique et splendide. Alors quand j’organise la Presqu’île Paddle Race, c’est comme si j’invitais des copains à la maison pour leur faire partager mon petit joyau et croyez bien que toute la presqu’île a à cœur de bien recevoir tout ce petit monde avec un immense respect pour ces rameurs de plein océan. Toutes celles et tous ceux qui ont participé aux trois éditions précédentes doivent comprendre de quoi je parle.

 

SUPJ : Tu montes actuellement une équipe de waterman qui s’exprimera en pirogue OC1/OC4, en paddleboard ainsi qu'en SUP, peux-tu nous parler de ce projet ?
AD : Nous sommes en cours d’affiliation de notre association à la Fédération Française de Surf et à la Fédération Française de Canoë Kayak afin de développer une équipe de rameur de plein océan en compétition. Déjà plusieurs jeunes et moins jeunes rameurs me rejoignent dans ce projet afin de prendre leurs licences fédérales pour participer aux différents championnats de France. Maintenant l’objectif est de monter une belle équipe de copains qui rame fort, qui rame juste dans toutes les conditions d’océan. Alors pour ça il faut s’organiser à plusieurs avec des navettes pour progresser en downwind, il faut partager les expériences techniques, il faut se lancer dans de grosses conditions météo à plusieurs pour assurer sa propre sécurité… L’idée est de faire gagner du temps à tout le monde et particulièrement aux jeunes qui pourraient s’approprier l’expérience des plus anciens pour être à long terme les meilleurs. Tous ceux qui sont dans cet esprit sont les bienvenues.

 

SUPJ : L'approche du SUP version race/long distance semble avoir tes faveurs mais surfes-tu également en SUP ?
AD : Ah, je suis un piètre surfer et je préfère vraiment surfer la houle au large en SUP race que les vagues en SUP. En revanche, je prends beaucoup de plaisir à surfer régulièrement avec les copains.

 

Photos : Océan Pirogue - Marco Strullu

tags: interview Amaury Dormet

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