Laird Hamilton, l’interview

23/07/2010

C’est à l’occasion de la tournée Oxbow Totally Bananas en Europe en début d’été que nous avons eu la chance de rencontrer Laird Hamilton, l’éternel waterman qui est aussi celui par qui le phénomène SUP s’est développé dans le monde ces dernières années. Sage parmi les sages, nous avons voulu en savoir plus sur sa perception du sport aujourd’hui depuis que "la machine SUP" s’est emballée. Interview…

 

SUPJournal.com : Quand et comment as-tu commencé le SUP ?
Laird Hamilton : Ca remonte au milieu des années 90, au départ je voulais emmener mes enfants surfer avec moi, je cherchais une solution et je me suis fait faire une planche un peu plus grosse. C’est Dave Kalama qui un jour m’a parlé de ce gars qui surfait à Waikiki avec une pagaie et qui ramait debout pour rejoindre les vagues… J’ai alors commencé mes premières expérimentations et les choses se sont enchaînées ainsi jusqu’au développement que l’on connait aujourd’hui…

 

SUPJ : Comment expliques-tu qu’un sport si ancien ait finalement mis autant de temps pour revenir sur le devant de la scène ?
LH : C’est en fait un ensemble de petites choses qui ont fait que cela n’a pas démarré tout de suite. Au début, après nos premières expérimentations avec Dave Kalama, il n’y avait pas vraiment de matériel adapté. Certains essayaient avec des longboards ou des planches qui ressemblaient plus ou moins aux planches de SUP d’aujourd’hui. En me voyant, les gens trouvaient ça facile mais en fait ça ne l’était pas tant que ça vu que nous tâtonnions encore et que nous n’avions pas de planches véritablement adaptées. Il y a eu aussi une sorte de résistance de la part de certaines personnes, c’est toujours difficile de repartir à zéro et de recommencer dans un nouveau sport. Quand on est bon dans un domaine et qu’il faut se remettre en question, certains ont du mal et du même coup s’opposent. Il y a aussi un dernier phénomène intéressant, c’est la manière dont le sport s’est propagé sur toutes les plages du monde. Au début il y avait un gars sur l’eau, puis deux, puis 4, puis 8, ça a été pareil au niveau des marques qui s’y sont intéressées progressivement. Le SUP n’est pas une mode, c’est un phénomène qui a pris du temps à se mettre en place et qui aujourd’hui fait boule de neige.

 

SUPJ : Que penses-tu de la spécialisation du sport avec les différentes disciplines qui ont émergé depuis ?
LH : Je trouve ça intéressant, il y a beaucoup de développement et de travail autour des nouveaux shapes en fonction de ce que l’on veut faire. On a toujours une tendance naturelle à aller dans les extrêmes lorsqu’un sport se développe mais il ne faut pas oublier que le SUP, c’est avant tout une planche, une pagaie, on est debout sur l’eau et on rame, tout simplement. C’est bien qu’il y ait une émulation, certaines pratiques comme la race deviennent très populaires par exemple aux Etats-Unis mais il ne faut surtout pas se couper des fondamentaux de ce sport qui reste avant tout extrêmement simple.

 

SUPJ : Tu parlais tout à l’heure de phénomène latent sur le développement du sport, on sent pourtant une certaine frénésie ces deux dernières années dans l’industrie du SUP avec de plus en plus de marques et de produits, que cela t’inspire t’il ?
LH : C’est vrai que l’on part déjà selon moi dans les mêmes travers que le windsurf avec des gammes qui se multiplient et c’est je pense un danger. Il y a une certaine surenchère dans ce qui est proposé au niveau des modèles et des technologies avec un prix qui peut parfois sembler élevé. Mais à la différence du windsurf, l’acte de faire du SUP est extrêmement simple et est à la portée de tous. On peut en faire en plus vraiment partout sans avoir de véritables contraintes au niveau météo. Le fait d’aller ainsi dans plein de directions est en effet intéressant si le sport devient véritablement populaire. Pour ma part, je préfère travailler dans une logique de promotion plus globale et plus simple du sport.

 

SUPJ : Globalement, comment vois-tu le sport évoluer dans les prochaines années entre les deux grandes tendances, SUP dans les vagues et SUP sur les plans d’eau plats ?
LH : Je pense que c’est la pratique sur les plans d’eau plats qui va le plus se développer. Comme pour le surf, la pratique du SUP dans les vagues a une contrainte majeure, cela demande tout simplement des vagues ! Le surf a connu un développement très important lui aussi mais qui reste limité à ce qu’il est aujourd’hui car il n’y a pas de vagues partout dans le monde. Incontestablement, il y a plus d’endroits dans le monde où il n’y a pas de vagues. Le SUP est juste une manière différente de surfer, il n’y aura pas globalement beaucoup plus de monde sur les spots alors qu’à la différence du surf, la pratique du SUP ouvre surtout de nouvelles perspectives dans des endroits où aucune planche de surf n’était allée auparavant…

 

 

Photos : Benjamin Thouard/Sylvain Cazenave/Oxbow

tags: interview Laird Hamilton

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