C’est le jeudi 13 mai que Raphaël Filippi, Christophe Dessart et Bertrand Guillo, en compagnie de Nicolas Jarossay, ont quitté Lyon pour rejoindre par le Rhône, le port de Carro dans les Bouches du Rhône, aux portes de la Méditerranée. Démarche inédite qui vise à promouvoir l’association Surfrider Foundation, cette descente du Rhône en SUP est une première en France et nous avons voulu logiquement en savoir plus sur les coulisses de cette aventure. Interview !
Raphaël Filippi
SUPJournal.com : Comment est née cette idée un peu folle de rallier Lyon à Carro en SUP en passant par le Rhône ?
Raphaël Filippi : La première raison, c’est qu’étant donné que je vis entre Lyon et Carro, c’est un défi qui s’est imposé naturellement suite à un pari débile lors d’une soirée arrosée !!! La deuxième raison, c’est que je suis un des ambassadeurs de Surfrider Foundation et c’est l’occasion de faire de la promotion pour l’association à l’intérieur des terres. Le Rhône en a vraiment besoin car c’est une vraie poubelle qui fini par se déverser dans la Méditerranée. J’ai l’impression que les gens sont moins sensibles à l’environnement dans les grandes villes.
SUPJ : Comment organiser une telle aventure, où allez-vous par exemple dormir, vous arrêter, etc... ?
RF : L’organisation est simple, il faut une planche et une rame. C’est tout l’intérêt du SUP !!! On part aussi avec une tente et un duvet dans un sac étanche ce qui nous permettra de dormir n’importe où, en fonction de notre épuisement le soir venu. On ne sait pas exactement combien de kilomètres on va parcourir par jour car cela dépend du courant et du vent. Il faut juste qu’on se ravitaille en eau et en nourriture. Il est bien évident que si on trouve une auberge au bord du Rhône avec un lit douillet, on ne va pas cracher dessus après 8 heures de rame !!
Christophe Dessart
SUPJournal.com : Qu'est-ce qui t'a attiré dans cette aventure toi qui a plutôt l'habitude des flots de la Méditerranée ?
Christophe Dessart : Raf m'a promis une soirée de folie dans la night lyonnaise la veille du départ. Soirée "full pack", "all inclusive" et "open bar". Non sérieusement, il n'y a que des bonnes raisons de se lancer. Le défi, on connait le proverbe : "personne ne leur avait dit que c'était impossible, alors ils l'ont fait". Le SUP, cette descente est à l'image de ce jouet fantastique, pas besoin d'aller au bout du monde avec une logistique de malade, ni d'être dans l'élite du sport. Au coin de la rue t'attend un terrain de jeu incroyable où tu peux trouver des challenges à ton niveau. L'environnement ; j'ai la chance de vivre face au joyau qu'est la Méditerranée. Membre de la Surfrider Foundation, j'essaie à mon niveau de militer activement pour sa protection. L'approche doit être globale. La pollution générée dans les villes, même à 400 km de la côte a une influence sur la mer ! Si on ne s'attaque pas aux causes en amont, on va s'user à réparer les conséquences en aval. Nous allons faire le parcours d'un déchet lâché à Lyon qui peut finir à Carro. J'espère que la démarche marquera les esprits ! L'amitié. Ça ne m'aurait pas intéressé de partir en solo. Pas besoin d'en dire plus. Enfin "Laird would go!"(private joke pour Raf et Bertrand).
SUPJ : Quels sont les écueils et autres soucis que vous pouvez rencontrer sur cette descente longue de 400 kilomètres ?
CD : le principal souci, c’est le faux rythme que nous allons devoir nous imposer pour attendre Raf… Non en fait, c'est la météo qui me préoccupe le plus. Si on a devant nous plusieurs jours de vent de sud, tout est remis en cause. Nous pratiquons tous du windsurf, du SUP, du surf... Nous sommes donc tous bien placés pour savoir qu'on ne peut pas lutter contre les éléments. Une fois parti, le physique sera bien sûr un élément "à risque". Même préparé, tu n'es jamais à l'abri de la coupure mal placée, de la tendinite sournoise, du coup de pompe qui seront autant de handicaps. Autre souci potentiel, la navigation sur le Rhône. Il faudra rester attentif aux autres embarcations et être respectueux des bons usages comme au pic. Pour le reste, je suis optimiste et positif. Inutile d'essayer de tout anticiper. L'aventure sera belle !
Bertrand Guillo
SUPJournal : Kiné de l'équipe de France de Voile, tu es un peu le préparateur de l'équipe pour cette traversée, comment celle-ci se déroule t'elle pour réaliser ce parcours dans la meilleure forme physique possible ?Bertrand Guillo : Nous partons dans l'idée de faire des étapes de 65 kilomètres par jour mais il faudra, si on veut arriver au bout, faire attention à quelques paramètres non négligeables pour effectuer 8 à 10 heures de rames sur 6 jours. Il faut un rythme raisonnable pour rester sur un travail d'endurance, des phase de repos avec un peu de marche, merci les écluses et une alimentation régulière.
SUPJ : Quel rythme et quelle cadence allez-vous vous imposer pour arriver au terme de votre aventure le 19 mai prochains ?
BG : En fonction de la météo il est possible de pousser un peu plus loin notre effort mais toujours avec ces principes (qualité du geste, rythme, repos nécessaire et alimentation) pour éviter les coup de pompes et les blessures.
Photos : Philou/SUPJournal.com