Le 25 septembre dernier, le méridional Nicolas Jarossay réussissait une performance unique, rester 24 heures non-stop sur sa planche de SUP et parcourir au total la bagatelle de 151 kilomètres dans les canaux de Martigues dans les Bouches du Rhône, le tout afin de récolter des dons pour l’association Rêves. Quelques semaines plus tard, il revient avec SUPJournal.com sur ces 24 heures de plaisir mais aussi de souffrance…
SUPJournal.com Quelques semaines après avoir réalisé ces 24 heures, quel regard portes-tu sur cette performance avec du recul ?
Nicolas Jarossay : Un mois après cette performance, je me dis que ce beau projet a été une aventure personnelle difficile. Ce fut un moment où j'ai été face à moi-même surtout sur les 5 dernières heures, et il a fallu que ma tête repousse l'idée d'abandonner qu'avait mon corps. Malgré toutes les personnes présentes autour de moi pendant ces 24 heures, que je remercie au passage car sans elles ces 24 heures n'auraient pas eu lieu, et les encouragements notamment à la fin dans les moments les plus difficiles, ce face à face avec soi-même est inévitable. Aussi une vive émotion s'est fait ressentir avec tous ces proches à l'arrivée.
SUPJ : Comment t'étais-tu préparé pour ce type de performance ?
NJ : Pour ces 24 heures, je m'étais dit que 2 mois avant il fallait que j'alterne en préparation les longues sorties avec de l'intensif voire des sorties nocturnes. Mais mon emploi du temps estival m'a juste laissé l'occasion de faire 5 à 6 sorties intensives d'environ une heure pendant ces 2 mois de préparation. Quelques courses sont venues ponctuer cette préparation.
SUPJ : Quels sont les paramètres qui sont intervenus au fil des heures et qui ont rendu cette performance particulièrement difficiles à réaliser sur la fin de ces 24 heures ?
NJ : Les premières douleurs ont été les pieds comme prévu ! Dure à gérer, j'ai juste mis des baskets vers 22h et des bas de contention pour la nuit. Le lendemain est venu s'ajouter au manque de sommeil, la fatigue physique et l'hyperthermie générée par mon corps sur la fin du défi. Aussi, dès le petit matin, je n'arrivais plus à m'alimenter normalement, le ventre refusait le solide voire même le liquide.
SUPJ : 120 kilomètres prévus au départ, 151 réalisés au final, t'attendais-tu à parcourir une telle distance ?
NJ : Concernant la distance, je savais qu'un record mondial était établit à 111 kilomètres, c'est pour ça que je visais 120 km avec une moyenne de 5 km/h, mais dès les premières heures, le rythme que j'avais flirtait avec les 6,5/7 km/h, cette allure était mon allure de croisière. Dans la nuit, je me suis fixé de rester sur cette cadence car tout ce qui est pris n'est plus à prendre! Et puis je savais que les dernières heures seraient dures donc autant faire de la distance sans trop se griller, l'important à mes yeux et ce que je m'imposais était d'être régulier. Mais dès 8h30 du matin, je savais que le record venait de tomber, il fallait tenir. Si je n'avais pas flanché dans les 3 dernières heures je pouvais dépasser les 160 km mais dans cette lutte finale, la barre des 150 km devenait mon seul objectif, 151 km au final.
SUPJ : Quels sont le meilleur mais aussi le pire souvenir que tu garderas de ces 24 heures à l'eau en SUP ?
NJ : Mon pire moment, c’est lorsque j'ai mis pied à terre après 24h, la douleur s'est accentuée de partout, mes nerfs ont lâché, mon corps est vite monté en température pour finir perfusé pendant une heure...Mon meilleur moment, c’est l'arrivée avec plus de 60 riders autour de moi qui m'accompagnent à terre vers le quai pleins de personnes qui n'arrêtent jamais d'applaudir et de crier. Je réalise que 2000 € de dons pour "Rêves" et un record mondial en poche ce n'est pas si mal pour ce défi un peu fou.
Photos : Marie Asensio- Carro Evènement