Raphaël Salles, l’interview

20/05/2011

Après une incursion dans l’univers du SUP la saison dernière de manière quelque peu "détournée" en proposant une aile de kitesurf dédiée, la Source, Raphaël Salles et sa marque F-One se lancent cette fois dans le grand bain et l’aventure du SUP business en proposant une division à part entière à côté de ses traditionnels produits pour le kitesurf. Interview du boss de cette jeune marque 100% française qui devrait faire son bonhomme de chemin…

 

SUPJournal.com : Quand et comment as-tu découvert la pratique du SUP ?
Raphaël Salles : J'ai vu Laird Hamilton à Hoopika sur l'île de Maui à Hawaii dans les années 90 sortir avec cette planche énorme mais à l'époque cela semblait complètement fou. C'est lors de vacances en famille en 2006 à l’Ile Maurice que j'ai essayé le SUP pour la première fois. C'était un de ces rares jours glassy sans vent au Morne et je me suis dit que ce serait sympa d'aller se promener sur le lagon avec ma fille de 11 ans. Nous sommes partis pour une balade tranquille et comme d'habitude on a fini en surf sur des droites de 1,5 m à deux sur le flotteur, c'était incroyable de surfer avec ma fille, c’est un super souvenir. Intrigué par le potentiel, j'y suis retourné tout seul et j'ai été surpris par la maniabilité de cette planche de 12’, ces sensations d'un vrai surf alors qu’en kitesurf on utilise des 5’10’’ et surtout le nombre de vagues que j'ai pris en peu de temps ! Le coté accessible famille m'a également conquis.

 

SUPJ : Qu'est-ce qui t'a incité à te lancer l'aventure du "SUP business" alors que F-One rayonne déjà dans celui du kitesurf ?
RS : A force de pratiquer le SUP et d’acheter des planches, je n'ai pas pu freiner mon instinct de metteur au point et j'ai commencé à avoir envie de faire mes propres planches. Le SUP est super complémentaire du kite car il se pratique quand il n’y a pas de vent et point intéressant pour nous, il est ouvert à un public plus large que le kite. Nous avons un savoir-faire en technologie de fabrication et production qui est directement transposable dans le SUP. Mes années de windsurf sont aussi une expérience utile. Le réseau de distribution est en partie le même que pour le kitesurf et nous sommes donc bien placés. Je pense que peut être un jour le SUP sera un accès au kitesurf… Celui qui a déjà une planche aura envie de faire du kite avec quand il y a du vent et pas de vagues. C'est pour cela que nous avons aussi développé une aile spécifique, la Source. J'ai 48 ans cette année, j'ai eu la chance de découvrir le windsurf à 13 ans et faire un longue carrière de coureur pro. En 1996 à 33 ans, je suis parti à fond dans le kite et développé la marque F-One. A deux avec Sophie, ma femme et sans aucun moyen, on a dû tenir face aux majors qui sont arrivés sur ce marché. Aujourd'hui j'ai encore la chance de pouvoir lancer une division SUP au sein de F-One mais ce coup-ci avec un peu plus de moyens. Le plus incroyable c'est de voir tous les copains de la coupe du monde windsurf des années 80 dans ce sport.

 

SUPJ : Souhaites-tu t'inspirer de la même image véhiculée par F-One en kitesurf dont la recherche et le développement continus sur les produits ?
RS : Oui nous sommes clairement placés sur le haut de gamme et l'innovation, mais nous avons moins de "passé" dans le SUP, il va donc falloir prouver que nous avons la bonne approche et le savoir-faire dans ce nouveau sport. Je crois que le matériel de SUP va évoluer sur des périodes plus longues, je veux dire par là que les modèles tiendront plusieurs années. C'est pour cela que la première gamme est capitale. Nous avons travaillé 3 ans avant de pouvoir être présents sur le marché. Le grand écart qui existe entre le pratiquant confirmé et le débutant est impressionnant, c'est très difficile de satisfaire les deux extrêmes, notre but est d'y arriver sans avoir une gamme trop large. C'est vrai du côté des planches mais aussi pour les pagaies qui étaient un challenge complètement nouveau en terme de shape et de construction. L'image F-One c'est aussi un team de riders et de belles images vidéos ou photos.

 

SUPJ : Quelle est la philosophie de F-One ? Qu'est-ce qui différenciera cette marque des autres marques ?
RS : Qualité, innovation, service sont les bases mais nous essayons d'avoir un esprit ouvert et d'apporter quelque chose de nouveau pour le SUP. En terme de shape et de programme mais aussi en technologie. Nous avons une approche plus "européenne " surtout au niveau des shapes et de la gamme. Nos moyens de transport et stockage ne sont pas les mêmes qu'aux USA par exemple. Notre première gamme présente des flotteurs assez courts et larges avec un volume assez fin qui permet d'avoir la stabilité mais aussi de pouvoir planter le rail. J'ai fait appel à de grands spécialistes de chaque discipline comme Ludovic Dulou pour le race et les pagaies et son expérience de waterman, Rémi Quique et Manu Portet pour les short SUP , Alex Grégoire pour son expérience rivière, en race et en SUP en général. Tous sont français car nous avons toujours préféré utiliser et mettre en avant les compétences que nous avons chez nous plutôt que de faire dans le tout "made in USA". Ils participent chacun au développement des flotteurs mais aussi à la réflexion générale de toute la gamme. Nous sommes à l'écoute de tous leurs commentaires et comme je suis le "boss" mais aussi le responsable développement produits, les infos circulent plus vite et les résultats sont directement visibles sur la gamme. Une des spécificités F-One, est que toutes nos planches sont "maison". Rien n'est acheté à l'extérieur, tous les shapes de kite et SUP sont réalisés avec Kakoo notre shaper. C'est génial de croiser l'expérience des riders SUP et la nôtre, par exemple pour la 12'6 de race, nous avons été sur l'eau  Kakoo, Ludovic et moi, Ludo nous a bien expliqué tout le programme d'une race. Et il a suffi d'un proto pour valider la production alors que nous n'avions jamais dessiné de ce type de planche ni pratiqué la discipline avant.

 

SUPJ : Comment vois-tu le marché du SUP se développer dans un avenir proche ?
RS : Je ne vais pas faire le "vieux" mais de tous les sports de glisse que j'ai vu naitre, le SUP est celui qui ressemble peut être le plus à la planche à voile des années 80. Il peut être pratiqué par un large public et permet de s'évader sur n'importe quel plan d'eau et sans avoir besoin de vent. Certains pensent que l'encombrement d'une planche de SUP est un problème mais je crois le contraire car c'est plus petit que certains canoës ou autres embarcations et le look est nettement plus cool. Le marché peut donc devenir assez important. En Europe, on peut observer une assez grande différence cette saison, on peut dire que c'est en train de décoller. Il faudra être vigilant sur la cohabitation surf et SUP sur les spots de vagues et même SUP entre eux pour garder un développement harmonieux.

 

Photos : Gilles Calvet - Marie DN - Régis Mortier

tags: interview Raphaël Salles F-One

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