Ronan Châtain, l’interview

27/05/2011

Figure du surf en Bretagne, kitesurfer, longboarder avec d’ailleurs trois titres de champion de France consécutifs à son actif en 1998, 1999 et 2000 et co-fondateur enfin de l’Ecole de Surf en Bretagne, Ronan Châtain est un personnage incontournable dans le paysage de la glisse en Bretagne. SUPer convaincu, c’est aussi à lui que l’on doit, en partie puisque co-organisateur, le bon déroulement du Naish La Torche Pro presented by O’Neill qui se déroulait dernièrement chez lui sur le spot de La Torche. Interview…

 

SUPJournal.com : Quand et comment as-tu découvert la pratique du SUP ?
Ronan Châtain : J’ai découvert le SUP en 2006. La première fois que j’ai vu un type rider en SUP, c’était mon ami Manu Bertin en 2006 à l’Ile aux vaches. Il avait ramené une 12’ d’Hawaii et faisait  ses premiers essais dans les vagues de la baie d’Audierne. Le challenge me paraissait amusant, mais la board de Manu me faisait penser aux tandems qu’on trouve à Waikiki. Pas vraiment le genre de board que j’ai envie de me coller sous les pieds. Ensuite Yann Quilfen est rentré de Maui avec une vieille board de Mark Angulo qu’ils avaient reshapé ensemble. Le 1/3 arrière avait les côtes d’un long board progressif et ça marchait grave. C’était en 2007 je crois, cette année-là Yann avait des trains d’avance, il démontait le spot en surfant  vraiment la face de la vague dans la hauteur. Là j’étais vraiment convaincu du potentiel et pendant 4 mois je m’y suis collé à fond. En parallèle, Gilles Romigou, l’éternel pionnier des pratiques crossover en Bretagne, est devenu le fer de lance du SUP à la Torche en développant ses propres shapes. Aussi passionné que les trois décennies précédentes, sa présence additive au line up et son enthousiasme communicatif  n’a eu de cesse de faire des émules. Ensuite je me suis essoufflé car je trouvais que les bords tournaient comme des parpaings et j’en ai eu marre de "me casser une jambe" à chaque fois que je voulais faire un turn. Au printemps 2009, je suis allé faire La North Point chez Greg Closier, j’ai vu que les shapes avait vraiment évolué, les boards marchaient mieux, ça m’a remotivé. J’ai d’abord ridé une PSH puis j’ai rejoint l’aventure Enbata. Mon pote Alex Ponot m’a proposé de rider des boards custom Gerry Lopez et Ron House qu’il allait distribuer. J’ai tout de suite adoré les qualités de glisse des boards. Il y a bien sur la construction classique des planches mais surtout la qualité des carènes qui fait la différence.

 

SUPJ : Tu as un gros passif en surf en ayant notamment monté la toute première école de surf en Bretagne à la Torche, qu'est-ce qui t'a attiré dans ce sport ?
RC : Le surf et les sports de glisses en général procurent un "rush d’adrénaline". Comme toutes les addictions, la sensation est imprimée sur un circuit interne qui fait croitre le désir de pratique et qui nous dépasse parfois. Gamin j’étais réfractaire à l’école, l’éducation, l’autorité en général… Dans un environnement humain qui me paraissait hostile, l’eau me permettait de m’évader. Ce sport m’a donné le goût de l’effort, du plaisir rétroactif, la notion de gratification. Au final des valeurs qui m’ont aidé à trouver mon chemin. Avec le temps c’est plus l’intensité, la qualité et le partage de ces moments que l’on recherche. C’est ce que nous appelons, chez Hoalen, la "lucide Adrénaline". Je trouve tout ça aujourd’hui dans le tow-in, avec en plus la dimension "exploration" qui rend l’histoire encore plus exaltante. De manière plus ludique, le surf, est un jeu de plage qu’on partage avec ses potes et ça fait du bien. Je dirais que c’est ce "lègue" que j’essaye te transmettre depuis 17 ans à travers l’Ecole de Surf de Bretagne et XXIX à la Torche.

 

SUPJ : Tu es à l'origine et l'un des organisateurs du Naish La Torche Pro presented by O'Neill qui s'est achevé dernièrement à La Torche, c'était important pour toi qu'une étape du Stand Up World Tour s'arrête chez toi en Bretagne ?
RC : C’est important pour plusieurs raisons. Dans un premier temps, après 17 ans d’absence de la scène internationale, La Torche avait besoin de retrouver ses lettres de noblesse. Une partie de l’histoire du windsurf s’est écrite en Pays Bigouden, des dizaines de milliers de personnes à l’époque ont été impacté émotionnellement par ce qu’ils ont vu. Je pense que l’enfant qui sommeille dans chacun d’entre nous a besoin de continuer à rêver. Dans un second temps, La Torche est un stade naturel des sports de glisse. Même si on y pratique toujours le windsurf et le kitesurf depuis une petite dizaine d’années, il est évident que depuis 15 ans, l’activité dominante est le surf sous toutes ses formes. Le SUP étant véritablement le « catalyseur » de toutes les sous-familles de la glisse, il nous paraissait évident et légitime que La Torche accueille aujourd’hui une épreuve de grande envergure. Dans un troisième temps enfin, en matière de tourisme, La Bretagne a aussi besoin de rafraîchir sa vitrine. Les grandes courses transatlantiques sont légions mais n’attirent peut être pas le même public que le Quik Pro en Aquitaine, qui au passage a fait du surf un véritable pôle de développement touristique. Je pense que nous avons une histoire maritime extrêmement riche et que les sports de houle en font partie.

 

SUPJ : Deux semaines plus tard et après un débriefing avec toute l'équipe d'organisation, quels sont les points positifs et les points à améliorer concernant cette épreuve ?
RC : En un, je dirais que la qualité sportive de l’évènement est validée, au regard des conditions rencontrés pendant l’épreuve d’un part et des performances réalisés par les riders d’autre part, cf. la vidéo des phases finales avec Kai Lenny, Antoine Delpero, Leco Salazar et consorts… En deux, compte tenu du délai imparti pour monter l’évènement, on est plutôt satisfait. Le staff était hyper opérationnel, la coordination avec la Waterman League et les partenaires s’est hyper bien passé. Le collectif  "swell sport" avec Naish, O’Neill, Enbata, Twenty Nine et Beach Concept a validé un niveau d’engagement, de passion et compétence, qui me laisse penser que dans l’avenir on devrait être en mesure de proposer de belles histoires. En trois, au-delà du fait que l’arrivée surprise de Robby Naish a boosté l’impact médiatique de l’évènement, je crois que tout le monde s’est fait plaisir. C’est simple et ça fait du bien. Les coulisses généralement ne trichent pas, l’ambiance qui régnait au XXIX Surf Camp, où logeait la production était particulièrement chaleureuse. Sur le spot, pas de show off et beaucoup d’humanité. Juste une histoire authentique comme on les aime dans le bourg, gast ! En quatre, l’idée était de créer un précédent, de poser une nouvelle pierre de l’histoire des sport de glisse. Activer un réseau et travailler en synergie avec les institutions locales, départementales et régionales. Bien entendu nous avons travaillé sur le volet économique, mais l’enjeu était aussi d’ordre environnemental. La Torche est dans la catégorie des "sites classés", propriété du Conservatoire du Littoral. En matière de patrimoine naturel, La Torche représente un enjeu d’intérêt national, donc on n’y fait pas ce que l’on veut au niveau de l’urbanisme et c’est tant mieux. Bien entendu on est conscient qu’on peut améliorer de nombreux points dans l’organisation. C’est toujours une histoire d’hommes à la base et à l’arrivée aussi d’ailleurs. Tout dépend de l’ambition que l’on se fixe.

 

SUPJ : Aura-t'-on la chance de voir à nouveau l'an prochain une nouvelle étape du circuit mondial à La Torche ?
RC : Je crois que j’ai déjà partiellement répondu à la question.  Oui, les indicateurs aujourd’hui sont plutôt au vert. Une volonté politique locale forte, incarnée par la communauté de Commune du Pays Bigouden. Additionné à cela, le concours d’entrepreneur locaux comme Leclerc Pont l’Abbé ou les Pêcheries de Cornouaille  avec qui partageons un certain nombre de valeurs. Nous ne cachons pas nôtre volonté d’organiser un évènement de glisse majeur en Pays Bigouden et pourquoi pas même en Cornouaille ?

 

Photos : Erwan Crouan - Laurent Tosetti - Martine Galliot - Laurent Nevarez - Romain Le Gall

tags: interview Ronan Châtain

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